Piloter autrement avec Design to Planet.
Design to Planet est bien plus qu’une démarche, c’est un nouveau modèle de conduite de projet qui vise à faire de la performance environnementale au sens large (décarbonation, résilience au changement climatique, sobriété énergétique, économie circulaire, respect de la biodiversité, artificialisation des sols, au-delà des exigences réglementaires) un critère fort d’arbitrage au même niveau que les paramètres classiques de coûts et de délais.
Cette méthode, qui nous guide pour piloter le Grand Paris Express, permet d’objectiver ces enjeux et d’éclairer les arbitrages afin d’orienter au plus tôt les scénarios techniques, de prioriser les variantes les plus sobres, et de fiabiliser techniquement ces ambitions. Design to Planet repose également sur le développement et la mise en œuvre de dispositifs contractuels renforcés visant à objectiver l’évaluation de nos titulaires d’études (études préliminaires, AVP, PRO…) et de travaux sur une performance environnementale ambitieuse tout au long du cycle des projets.
Notre ambition est évidemment de développer aussi cette méthode sur les Services express régionaux métropolitains (SERM).
Tester, déployer et essaimer pour encourager l’action collective.
La décarbonation ne se concrétise pas seul. C’est le principal enjeu et cela nécessite un travail de pédagogie, de conviction et de mobilisation. En tant que maître d’ouvrage public, notre rôle est de mobiliser notre écosystème, et en premier lieu nos titulaires travaux et études, pour identifier et contribuer à faire émerger des solutions innovantes.
Notre ambition est de faire du Grand Paris Express un laboratoire d’innovations et d’expérimentations. Avec un objectif assumé : prouver, fiabiliser, et surtout, dans un second temps, passer à l’échelle industrielle pour construire collectivement plus sobrement. Cela passe par le lancement d’appels à projets, tel « Le Grand Paris de l’Environnement » en 2022 (10 projets lauréats), mais également par l’intégration d’un mémoire innovation dans certains marchés.
Sur le Grand Paris Express, de nombreuses solutions ont déjà été testées en conditions réelles, avec l’appui de financement de la Société des grands projets : béton fibré pour les voussoirs, l’utilisation d’argiles calcinées à partir de nos déblais pour produire des ciments bas carbone, structures allégées plus sobres en matériaux, bétons ultra-bas carbone… Ces expérimentations portent leurs fruits. Le déploiement de bétons fibrés pour les voussoirs est devenu un standard sur nos projets.
Nous militons d’autre part pour une culture partagée, ouverte, capable de faire fructifier des initiatives parfois isolées et de créer des synergies. Nous avons mis en place Environnement Express (E2), groupe de travail visant à accélérer la transition écologique collective de la filière ferroviaire, en collaboration avec SNCF Réseau, RATP, Syntec Ingénierie, la FIF et Railenium.
L’objectif consiste à surmonter les obstacles au déploiement de filières innovantes à fort bénéfice environnemental, que ceux-ci soient d’ordre technique, juridique, contractuel ou réglementaire. Parmi les travaux en cours, la constitution d’un recueil de clauses environnementales partagées avec les différents acteurs du secteur (entreprises, industriels, maîtres d’œuvre, autres maîtres d’ouvrage), ou encore la mise en place d’une base de données partagée de facteurs d’émission de la filière ferroviaire afin d’harmoniser les pratiques et de conforter les dispositifs contractuels incitatifs de nos marchés.
Sur les lignes 15 Sud, 16, 17 et 18 du Grand Paris Express, 75 km de rails bas carbone ont été posés, permettant d’éviter l’émission de plus de 25 000 teqCO2. Un résultat concret rendu possible par un dispositif incitatif inédit : la Carbone Reverse Initiative (RCI), lancée par la Société des grands projets dès 2021 dans le cadre de son plan de décarbonation. Rétroactive, la RCI a permis d’agir sur des marchés déjà attribués, en proposant aux entreprises de demander le financement total ou partiel du surcoût des solutions bas carbone proposées en alternative aux solutions de base, à hauteur de 100 €/tCO2 évitée. Une manière concrète d’ancrer l’innovation bas carbone au cœur même des marchés de travaux.
La ligne 16 a été la première à généraliser, grâce à ce mécanisme, le recours à de l’acier recyclé dans des fours à arc électrique alimentés par une électricité décarbonée, en lieu et place d’acier « neuf » issu de hauts fourneaux. Ce procédé permet de réduire les émissions de 3 à 10 fois par tonne produite, soit en moyenne 1,4 tonne de CO2 évitée par tonne de rail.