Les matériaux innovants à faible empreinte carbone peinent encore à franchir le cap de l’industrialisation. Le secteur reste tributaire de chaînes d’approvisionnement globalisées mais qui sont souvent des filières locales ou encore trop peu structurées, pas suffisamment dimensionnées. Certaines innovations restent à l’état de prototypes ou cantonnées à des démonstrateurs, faute de débouchés stables.
Miser sur l’effet de masse des achats publics pour stimuler la demande et structurer des filières. C’est le cas notamment pour le béton bas carbone ou les rails en acier recyclé, dont l’industrialisation a été rendue possible grâce à des budgets sécurisés côté maîtrise d’ouvrage. À plus long terme, une logique de standardisation environnementale pourrait accélérer la bascule vers une production bas carbone compétitive et réplicable.
Le surcoût initial des solutions bas carbone reste un obstacle majeur, notamment dans un contexte où les investissements sont contraints par des marges de manœuvre financières limitées. Les entreprises hésitent à investir sans visibilité suffisante sur les retours sur investissement.
Pour nous, l’objectif environnemental n’est pas contradictoire avec la maîtrise du coût. L’intégration de la comptabilité carbone dans l’évaluation des projets ouvre également de nouvelles perspectives. La Société des grands projets travaille par exemple à une conditionnalité carbone des financements, à travers des clauses incitatives (comme Reverse Carbone Initiative) ou des critères d’éligibilité aux financements européens. Le soutien public à l’amorçage technologique permet de lever les premiers freins économiques.
Les innovations environnementales sont encore souvent perçues comme risquées, notamment par les assureurs. L’absence de retour d’expérience massif freine la capacité à garantir les performances de nouveaux matériaux ou procédés. Le secteur fait face à une inertie technique et assurantielle, qui ralentit la mise sur le marché.
Pour sortir de cette impasse, plusieurs pistes se dessinent : développement de dispositifs d’assurance paramétrique déclenchant une indemnisation automatique selon des seuils prédéfinis, partage du risque via la commande publique, et surtout structuration du retour d’expérience sur les opérations pilotes.