Rendre Possible - Les Chantiers Bas Carbone

Repères essentiels

- Pourquoi le béton bas carbone est-il devenu incontournable sur les chantiers ?

Parce qu’à lui seul, le béton est responsable de 5 % des émissions mondiales de CO2. Préférer une version bas carbone est donc un levier évident pour décarboner la construction. La technologie est prête. Il faut que cela devienne un standard.

- Pourtant, des freins demeurent ?

Oui, certains cahiers des charges restent prescriptifs et figés. Des normes de construction peuvent aussi ralentir l’adoption de nouvelles formulations. Sur ce point, néanmoins, la situation évolue car les retours d’expérience positifs s’accumulent sur le terrain. Le coût des matières premières, comme le laitier largement utilisé dans les bétons bas carbone, peut aussi être un facteur limitant, d’autant plus dans un contexte inflationniste. Mais en travaillant en R&D, on peut trouver des alternatives. Nous avons par exemple breveté une formulation à base de filler calcaire et de métakaolin, issue de l’économie circulaire, qui offre des performances comparables à coût identique.

- Ce sont donc aussi des enjeux industriels ?

Complètement. Il faut structurer toute une filière autour des nouveaux liants. Aujourd’hui, il n’y a par exemple pas assez d’industriels capables de produire du métakaolin à grande échelle, de soutenir une production massifiée pour la construction.

- Comment les maîtres d’ouvrage peuvent-ils accélérer cette transition ?

Ils ont évidemment un rôle décisif. Quand la Société des grands projets nous demande des solutions bas carbone, elle nous laisse aussi la liberté de les concevoir. On sort d’une logique purement prescriptive pour entrer dans une culture de la performance environnementale, qui n’efface pas les critères économiques et techniques. C’est ça, la clé : faire confiance, oser expérimenter, changer les règles du jeu.

- Les solutions pour construire bas carbone sont-elles déjà matures ?

Oui, en grande partie. Les formulations bas carbone peuvent être utilisées en toutes saisons, sans contraintes. Idem pour les formules très bas carbone, avec un bémol sur les ouvrages verticaux en période hivernale. D’ailleurs, à l’horizon 2030, notre objectif chez VINCI Construction est clair : mettre en œuvre 90 % de bétons bas carbone sur nos chantiers, sans compromis sur la qualité. Les formulations ultra-bas carbone sont quant à elles plus sensibles : elles nécessitent des conditions de température spécifiques et sont plus coûteuses. Mais nous avons mis en place une stratégie saisonnière qui vise à utiliser le bon béton au bon endroit en fonction des conditions météo.

- Au-delà du type de béton, d’autres leviers industriels de décarbonation ?

L’optimisation des quantités de béton utilisé avec, par exemple, l’allègement des structures grâce au travail de nos ingénieurs est une des solutions. Moins de matière, c’est moins d’impact. On favorise aussi fortement la mixité des matériaux pour les structures de nos constructions en alliant bois, métal, et béton.

- Un conseil aux donneurs d’ordre ?

Oser sortir des cadres et favoriser l’innovation. Sans cette liberté, pas d’innovation possible. C’est le choix qu’a fait la Société des grands projets en testant notre béton ultra-bas carbone sur les voussoirs de la ligne 18 mais aussi sur ligne 15 Sud, et une partie de la ligne 15 Ouest du Grand Paris Express. Elle nous a permis d’inventer, de tester, de prouver que c’est faisable. Et ça, ça change tout !